ffff Telerama **** Classica 5/5 Diapason Par son père norvégien, médecin dans une bourgade côtière du nord de la Norvège, la jeune soprano française Karen Vourc'h garde des attaches avec la langue et la culture scandinaves, ainsi qu'une fascination pour le Grand Nord, où elle se rend régulièrement, au milieu de paysages solitaires, baignés d'une lumière glacée. Gravés dans sa mémoire et sa sensibilité, ces images, souvenirs et impressions nourrissent et colorent son interprétation des mélodies de Grieg et de Sibelius. Il n'en faut pas moins pour toucher le mélomane français, si peu familier de ce langage poétique et musical. D'Edvard Grieg, on connaît surtout la « Chanson de Solveig » (1), extraite de la musique de scène composée pour le Peer Gynt de son compatriote Ibsen - une berceuse mélancolique dans laquelle la fiancée solitaire trompe son attente déçue. D'autres « mélodies du coeur » (« jeg elsker dig », je t'aime) exaltent le même lyrisme. Plus tourmentées, les mélodies méconnues de Sibelius n'ont rien à envier, parfois, à celles de son contemporain Richard Strauss - en particulier « Svarta rosor », ces roses noires emblèmes du chagrin amoureux, dont le roncier lacère le coeur. Tout semble opposer cet univers immédiat et sans sophistication à celui, fin de siècle et précieux, des Chansons de Bilitis, du tandem Pierre Louÿs-Claude Debussy. En choisissant pourtant de les rapprocher, Karen Vourc'h a vu juste : une même pudeur, une même nostalgie des paradis perdus, un même retrait derrière d'inviolables secrets les habitent. Contemporaines de la composition de Pelléas et Mélisande (« du pur Pelléas sans Pelléas », commentait André Boucourechliev), ces trois Chansons sont un bréviaire d'érotisme hypocritement ingénu, d'innocence féminine retorse. Le piano souple et caressant de Susan Manoff enveloppe le chant de Karen Vourc'h, faussement mat et indifférent, avec toute la langueur féline voulue par Debussy (« lent et sans rigueur de rythme », « passionnément concentré », « doux et las »). A en juger par cette Bilitis idéalement insaisissable et troublante, la prochaine Mélisande (2) de Karen Vourc'h est appelée à faire date... Gilles Macassar - Telerama n° 3136 - 20 février 2010 (...)la franchise de son emission, la clarté de son timbre, la pureté de sa ligne de chant.son intime comprehension de la juste prosodie (...) les Debussy sont détaillés avec autant de naturel que d'intelligence, dans un louable souci de simplicité . Bilitis juvéniles et sensuelles, sans la moindre affectation, exhalent un charme particulier. (..) Michel Parouty - Diapason |