Le récital commence par une série de pièces de Grieg. La langue ne nous est pas familière, mais Karen Vourc’h a le don de nous entraîner complètement dans l’univers de chaque musique, à travers l’expression et le ton qu’elle y donne.
De l’infinie tendresse de Jeg elsker dig (Je t’aime, de Quatre mélodies du Cœur, poème de Christian Andersen) et la douceur lyrique de En svane (Un cygne, poème de Henrik Ibsen) jusqu’à l’agitation pathétique de Min Tanke er et mægtigt Fjeld (Ma pensée est une haute montagne, de Quatre mélodies du Cœur) en passant par la mélancolie lasse de I Rosentiden (Au temps des roses, poème de Goethe « Wehmut », extrait de Erwin und Elmire), la cantatrice incarne à la perfection les sentiments exprimés, d’une manière on ne peut plus éloquente. Même remarque pour la deuxième partie du concert consacrée à Sibelius. Elle fait également preuve de son génie expressif dans la musique sautillant sur les onomatopées bondissantes de Killingdans (Danse des chevreaux, poème d’Arne Garborg) de Grieg, ainsi que les frémissements des ailes d’une libellule (En slända, poème d’Oscar Levertin) de Sibelius.
Entre ces deux parties, nous avons entendu trois poèmes de Paul Verlaine, Clair de Lune, Il pleure dans mon cœur et La lune blanche (ou L’heure exquise), mis en musique par cinq compositeurs finlandais et français. Outre Fauré, Debussy et Hahn que nous connaissons, le morceau de Madetoja est très debussyste et celui de Melartin, expressionniste. Notre soprano change totalement de registre d’expression dans la dernière pièce, extraite de Kalevala, véritable épopée musicale, avec un ton héroïque et dramatique avec des notes poignantes.
Après de telles interprétations, nous ne pouvions que nous incliner devant Karen Vourc’h, d’autant que sa voix, toujours très pure avec peu de vibrato, est d’une qualité très homogène, tant dans les tessitures médiane qu’aiguë, ce qui est extrêmement agréable à écouter.
Resmusica, V.Okida