Dans le rôle de la femme amoureuse, pendue au téléphone, pas très différemment de nous aujourd’hui (il est vrai que les textos auraient été plus durs à orchestrer que la conversation intime et jalouse), Karen Vourc’h excelle avec son timbre rond, son phrasé d’une clarté parfaite et ses extraordinaires qualités de comédienne. Lascive et tendre, elle passe du canapé au devant de la scène dans un mouvement fluide de robe tube noire et de long gilet rouge qui viennent encore envelopper les montées troublante de sa voix et la matière riche parfaitement maîtrisée par l’orchestre. Une très belle version de la pièce qui augure du meilleur pour ce Crzay week-end que nous suivons jusqu’à dimanche 4 mars 2018. Toute la culture.com L'orchestre est évidemment très applaudi pour avoir partagé un peu de leur art avec le public, venu nombreux applaudir Karen Vourc'h dans La Voix Humaine que l'on s'apprête à entendre maintenant. La soprano fait une entrée discrète et va s'allonger sur un canapé disposé à l'avant-scène. Ce sera donc – heureusement ! – une version mise en espace. Si la soprano est absolument sublime et désarmante de simplicité lors des petits récitatifs secs parlando, on la perd parfois lors des passages plus structurés s'apparentant davantage à l'opéra. Le texte passe alors au second plan et on court le risque de perdre le fil à tout instant. Heureusement, les couleurs orchestrales sont si expressives que les instrumentistes nous permettent de demeurer en lien étroit avec la diégèse. Il n'en demeure pas moins que le jeu théâtral de la chanteuse, touchante comédienne pour l'occasion, est extrêmement convaincant et largement à la hauteur de l'exigence dramatique de l’œuvre. Chaque mot et chaque silence sont porteurs de sens. Les artistes réunis ce soir sur le plateau en ont bien conscience et œuvrent à nos et si expressives que les instrumentistes nous permettent de demeurer en lien étroit avec la diégèse. Il n'en demeure pas moins que le jeu théâtral de la chanteuse, touchante comédienne pour l'occasion, est extrêmement convaincant et largement à la hauteur de l'exigence dramatique de l’œuvre. Chaque mot et chaque silence sont porteurs de sens. Les artistes réunis ce soir sur le plateau en ont bien conscience et œuvrent à nous le révéler.Cette soirée avait pour mission de « repousser les limites, toutes les limites »... Les musiciens repoussent les limites sensibles en allant au contact du public et en leur proposant d'entrer en communication autour de leurs instruments. Les limites logiques sont mises à mal par la pièce de Levinas qui déstabilise et nous emmène en terrain inconnu. Les limites émotionnelles sont excédées par Karen Vourc'h qui, douce interprète de La Voix Humaine, rend sensible le texte de Cocteau dans ses moindres inflexions. Mission réussie ! Bachtrach- Camille Grimaud - mars 2018 |